LE TOURBILLON DE...
Lire PlusQuand j’échangeais avec mes amis sénégalais ou burkinabé, au temps où nous étions tous étudiants, il était commun de dire dans la conversation : « c’est vrai ? » pour marquer à quel point nous étions impressionnés par une situation. Aussitôt mes amis africains changeaient de visage et de ton et parfois allaient jusqu’à la colère, choqués qu’on puisse mettre en doute leurs paroles prononcées. Les temps changent…
La France est méconnaissable et belle, avec sa nature, sa campagne, prodige de l’ancien temps, du temps des anciens… Si j’arpente les rues de Lyon, quelque chose s’est modifié ces cinq dernières années, quelque chose est allé plus loin encore dans la négation du proverbe ivoirien : « un tronc d’arbre pourra rester 100 ans dans l’eau, jamais il ne deviendra un caïman ».
Aujourd’hui, le monde est saisi d’une espèce de pensée magique, pas une pensée-miracle, de celles qui mettent 107 ans à construire, la cathédrale Notre-Dame de Paris, mais une pensée-mensonge qui nie la réalité pour mieux dévorer notre esprit. Que sont devenus les bâtiments, citadelle de la foi, qui étaient érigés en un siècle et qui portaient tout l’amour des hommes? Que sont devenus les temples de nos espérances ? Remplacés par les pré-fabriqués de la pensée, ils s’effondrent comme les concepts qui dirigent ce monde.
L’esprit a été dévoré par la nuit de Voyage au bout de la nuit de Céline et à la place il reste des confettis. Aujourd’hui tant de troncs d’arbres flottent comme des caïmans. Si ce n’était pas triste à pleurer, ce serait risible…
J’aime bien quand Laurent me dit que les gens finissent toujours par l’interroger, par parler du sacré avec lui, par parler de cette place béante à l’intérieur d’eux-mêmes qui crie comme le cri de Munch. Quand il me raconte, il éclate de rire et il me dit : « je leur demande alors : vous voulez parlez de Dieu, c’est bien ça ?-Et ils me répondent du bout des lèvres : oui. -Et je leur dis : mais vous, vous l’appelez Dieu ? Vous vous adressez à lui ? -Ils me disent : bah non ! -Et je leur dis toujours : bah alors comment vous voulez qu’Il vous entende ? ». Et il éclate de rire avec son rire jeune aux éclats de lumière. C’est ce monde où on a déserté Dieu qu’il va falloir faire renaître…
Le grand remplacement, c’est l’homme qui s’est cru aux manettes de ce qui le dépasse. Comment rendre à nouveau la terre sacrée ? En la voyant tout simplement ! Les habits de Dieu sont la réalité, et on dérive à l’infini dans un monde où on ne L’a pas convoqué. Il se rappelle à nous par Sa Toute-Puissance. Il nous plie avec Ses éléments et Ses foudres. Il ne se lassera pas de nous mettre face à Lui-même et il n’y aura pas d’autre guérison possible.
J’ai tellement aimé faire le tour des apparitions de la Vierge Marie en France. Le message de Notre-Dame de la Salette est éblouissant de simplicité. Seule notre âme de paysan peut comprendre la Vérité. Quand le mental prend le pas sur le cœur, il limite notre perception du réel. Notre âme est alors voilée. Le nom de Dieu a tellement été galvaudé qu’il n’est pas facile à prononcer. Pourtant, c’est bien celui-là, qui fait éclater toutes les limites que nous nous imposons par l’intellect. Plus fort que notre raison, il nous libère de ses chaînes. Même la science le confirme perpétuellement et il va plus loin que tout ce que l’on parvient à concevoir. J’aspire à ce que l’humanité retrouve sa liberté primordiale mais pour cela il faudra qu’elle consacre la terre qu’elle foule. Et en attendant, je regarde les troncs d’arbres, passer sur le fleuve…